La distinction entre chouettes et hiboux est propre à la langue française,
le deuxième terme étant réservé aux espèces qui portent des aigrettes,
que l'on appelle souvent improprement " oreilles ".
Le moyen duc est celui de nos hiboux qui a proportionnellement les aigrettes les plus longues*.
Il est rare en Normandie, dans le Sud-Ouest et dans les Alpes, alors que la hulotte,
qui est présente sur presque tout le territoire français (à l'exception de la Corse, tout comme le moyen duc),
est le plus abondant de nos rapaces nocturnes.
* La fonction des aigrettes est assez mystérieuse.
Il paraît peu vraisemblable qu'elles puissent améliorer le rôle des disques faciaux qui ramènent les sons vers les oreilles.
En revanche, elles semblent être utiles à l'oiseau lorsqu'il cherche à se fondre dans le milieu, dressées à la verticale,
celles du moyen duc apparaissant comme des branchettes.
Mais peut-être s'agit-il simplement d'ornements que l'oiseau utilise pour séduire son conjoint ou extérioriser son humeur.
Des chasseurs silencieux
Chouettes et hiboux sont capables de chasser par la nuit la plus noire,
en se guidant uniquement au son. Cela suppose que leur vol soit parfaitement silencieux, ce qui est le cas.
La hulotte chasse à l'affût, en attendant qu'une proie passe à proximité de son perchoir.
Elle se laisse alors tomber silencieusement sur la victime, qu'elle tue aussitôt de ses serres puissantes,
ou, si besoin est, d'un coup sur la nuque.
Le moyen duc, dont les ailes sont relativement plus grandes, préfère chasser au vol.
Il montre d'ailleurs une adresse remarquable pour évoluer entre les branches.
Les deux oiseaux se nourrissent essentiellement de petits mammifères (mulots, campagnols, souris, musaraignes),
mais ils peuvent capturer des proies de la taille d'un surmulot.
Comme tous les rapaces, ils recrachent les parties indigestes de leurs proies (poils, os, ...) sous forme de pelotes de réjection .
L'étude de ces pelotes permet de connaître, en partie, le régime alimentaire des oiseaux.
Le repos des chouettes et des hiboux
Chouettes et hiboux se reposent pendant le jour, perchés sur une branche.
Leur immobilité et la couleur de leur plumage les rendent alors très difficiles à repérer dans la ramure des arbres.
En cas de danger, le moyen duc comprime son plumage et dresse ses aigrettes à la verticale
pour se confondre avec les branches. Mais il arrive souvent que les petits oiseaux (mésanges, merles, pinsons)
découvrent les rapaces nocturnes pendant leur sieste quotidienne.
Ils se mettent alors à les harceler en volant en tous sens autour d'eux et en lançant des cris d'alarme,
sans pourtant attaquer vraiment. Ce comportement a l'avantage de prévenir les autres oiseaux d'un danger possible.
Il sert aussi à apprendre aux jeunes oiseaux à reconnaître les prédateurs.
Généralement, chouettes et hiboux restent imperturbables devant l'adversité, mais il arrive qu'agacés,
ils décident de partir à la recherche d'un reposoir où l'environnement sera plus calme.
La saison de reproduction
C'est généralement vers le mois de mars que débute la période de reproduction.
A cette époque de l'année, on entend fréquemment le chant grave du moyen duc :
un " hou-hou-hou " aux notes bien séparées, que l'on distingue aisément du célèbre hululement du chat-huant
(nom sous lequel on désigne encore la chouette hulotte).
Ce dernier défend d'ailleurs son territoire tout au long de l'année, puisqu'on l'entend chanter dès le début de l'automne ;
un " pii-ouit " sonore se fait également entendre fréquemment.
Pour établir son nid, la hulotte choisit plutôt les trous d'arbre.
Mais elle peut aussi nicher au sol, voire dans un terrier de lapin.
Elle accepte éventuellement un nichoir artificiel et s'établit parfois dans un ancien nid de pie ou d'écureuil.
C'est surtout le moyen duc qui apprécie les gros nids de branchages.
Hélas, cela lui vaut d'être régulièrement massacré lorsque les chasseurs entreprennent de détruire les nids de corbeaux...
Planning familial
De façon assez curieuse, chez l'une et l'autre espèce, le nombre d'oeufs pondus dépend de la qualité
de nourriture disponible. Si les campagnols et les mulots sont rares, la ponte ne comporte le plus souvent que deux oeufs,
alors que, s'ils prolifèrent, elle peut en compter jusqu'à six chez la hulotte, huit chez le moyen duc.
Ces oeufs font penser, tant par la forme que par la couleur, à des balles de ping-pong.
Ils sont pondus un à un, à quarante-huit heures d'intervalle, mais la femelle commence à couver dès que le premier oeuf
a été déposé dans le nid. Environ quatre semaines plus tard, les éclosions se produisent avec le même intervalle.
Si la nourriture vient à manquer, tout ce qui est disponible est pris par les aînés, au détriment des cadets, qui meurent.
C'est pourquoi les populations de chouettes et de hiboux varient en fonction de la quantité de leurs proies.
Dès l'âge de trois semaines chez le moyen duc et de cinq semaines chez la hulotte, en tout cas bien avant de savoir voler,
les jeunes quittent le nid et commencent à explorer les alentours.
Ce serait alors une erreur que de vouloir les recueillir, car les parents continuent de veiller sur eux et peuvent alors
se montrer très agressifs (c'est en voulant photographier de jeunes hulottes que le célèbre photographe Eric Hosking
perdit un oeil à la suite de l'attaque de l'un des parents).
Même s'ils savent voler, les jeunes dépendent encore pendant un certain temps de leurs parents,
avec qui ils communiquent par des cris aigus. Ceux de la hulotte se dispersent à la fin de l'été ; les moyens ducs,
par contre, se regroupent souvent pendant l'hiver à proximité des sources de nourriture,
pour ne recommencer à défendre un territoire que vers le mois de février.